Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Défi n°278 proposé par Jazzy pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Jazzy nous demande
"D’inventer une histoire à partir de ce tableau "
"Fuyant la critique" de Pere Borrell del Caso.

 

- Le jeune garçon du tableau, c'est moi, Pablo.
D'aussi longtemps qu'il m'en souvienne je suis suspendu dans ce musée.
J'en ai vu défiler de l'Humain... Des gens de toutes natures, de tous styles.
Je les connais bien. Je devine leurs réactions, je subis leurs remarques; parfois même je les entends penser !
Ceux que j'appréhende ce sont les groupes de pré-ados.
Je les repère aux couinements de leurs Naïkkes sur le parquet et à leur bruissement d'insectes aoûtiens.
Le gardien les voit venir de loin. Il visse sa casquette au ras des sourcils, prend l'allure importante du maître des lieux et leur jette des regards sombres et suspicieux.
Leur professeur d'Histoire de l'Art fait de son mieux pour les canaliser.
Certains pouffent derrière leur main et me susurrent l'oeil mauvais, des remarques éculées.

- Saute, bouffon ! T'es cap' ou t'es pas cap' ?
- Eh mec, t'as la frousse ?
- Zieute ça Kévin, il a avalé les boutons d' sa ch'mise.
- T'as vu ses quinquets... Il a croisé un ovni ou bien ?
D'autres raillent ma coupe de cheveux ou tentent de me chatouiller les orteils.
J'apprécie la solidarité des dames âgées aux frisettes bleutées (qui planquent leur mini chihuahua dans leur sac à main).

- Il est si seul le pauvre petit... Comment l'aider ? On pourrait l'adopter ? N'est ce pas Batman ? Qu'en penses-tu ?
Le Batman endormi ou à demi asphyxié ne répond jamais.
Un jour une jeune étudiante en psycho multiréférentielle et intégrative est restée plantée plus d'une heure
à analyser mon cas. Son diagnostic "sujet en total transfert émotionnel envers le monstre noir tapi dans sa sombritude intérieure."
Me voilà prévenu.
Je suis parfois témoin de quelques bribes de vie intime.
- Mère, pourquoi ce jeune homme n'a-t-il pas chaussé ses bottillons ?
- Sans doute les a-t-il troqués contre un morceau de pain, Marie- Églantine.
- Oh Mère ! Serait-ce un nécessiteux ?
- Sans doute Marie- Églantine. Ne reste pas plantée là, béate, nous allons être en retard au goûter que donne Madame la Duchesse.
- Mais, Mère... C'est la première fois que je découvre un pauvre presque aussi beau que nous, c'est si étrange...
- Marie-Églantine, le thé va refroidir, tu sais pourtant combien j'abhorre le thé tiède. De plus il n'est point de bon ton de faire languir une Duchesse qui a un fils à marier.
- Xavier-Émile est laid.
- Certes. Mais il est Duc.
- Oui Mère.
À reculons, le regard aimanté à celui de Pablo, Marie-Églantine lanterne.
À regret, elle traîne ses froufrous, rubans et ombrelle jusqu'aux minauderies d'un univers ducal.


Pablo qui semblait si résolu à sortir du tableau, hésite.
Lui qui souhaite "fuir la critique" en rejoignant le monde des Humains s'interroge, parmi eux, sera -t-il protégé des remarques ? Laissera-t-on ses doigts de pieds en paix ? Il doute...
Il m'a confié le secret de son retour dans le tableau. Je vous le livre.
Pablo a eu vent qu'un peintre prénommé lui aussi Pablo était exposé à son étage. Une nuit, furtivement il est allé visiter l'oeuvre  du Grand Maître Pablo Picasso. D'avance il se régalait. Fébrile il cherchait un magnifique grand tableau.
Il s'est immobilisé, interloqué face au "Visage Solaire".*

 Déçu, il a finalement décidé de réintégrer le tableau de Pere Borrell del Casso et d'y rester sans regret !

* Céramique de Pablo Picasso.

 

Publié dans Défis

Partager cet article
Repost0

Défi n° 277 proposé par Laura Vanel- Coytte pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Laura nous donne comme consigne :
"Après le décor d'une ville de Carnaval, décrivez un personnage masqué, déguisé ou simplement habillé différemment de d'habitude."

..........................................................................................................................................

Cornil, carnavaleux dunkerquois, invite "à s' baraque" une poignée de touristes qu'ont l'air bin parigots.
Va y avoir du boulot pour les initier aux subtilités du carnaval.

- Le carnaval de Dunkerque ? Une tradition, une fête, une ambiance, un langage, depuis le XVII siècle !
Cornil s'enflamme !
- À cette époque Dunkerque était un port de pêche à la morue, en Islande. L'expédition de six mois était longue et risquée pour les marins dunkerquois. Certains n'en revenaient jamais.
- Ch'est l'russ (la misère) dans les familles...
-  Les armateurs, conscients du danger, payaient aux marins une partie de leur solde avant leur départ et leur offraient trois jours de fête, "les trois joyeuses".
- Ouh là, c'était risqué... S'ils faisaient trop la fiesta, leur solde se perdait dans la bière...
- Exact, plus exactement dans "la chuche" (boisson). Ça arrivait à des esseulés ou à de gros égoïstes pourtant chargés de famille. Si on leur faisait une réflexion, ils rétorquaient fiers comme des coqs "Mi, j'fais à m'mote" (moi, j'fais à mon idée).
- Des vrais babaches ! Ça d'vait "braire" (pleurer) dans les chaumières...
- Ça arrive encore de nos jours, tous milieux confondus.
La poignée parigote opine.
- Les marins s'f'saient du mouron : pendant ces trois jours "de qué loques s'acoufter" ? Leur paquetage (l' frusquin) se trouvait déjà sur les bateaux ...
-  "Tous péteux sins casaques" berdouille  èn' vaganciére" aveuc des gros hublots grogelle (aux lunettes groseille) qui trouvait "pénipe" de déchiffrer "Le causer en Chti pour les nulos" sans ses vraies "leunettes ".
- Les marins futés empruntaient les vêtements de leur femme !
- "V'là des cocos pas babaches et pas "tatasses" (tatillons) !
- Ch'est Tradi'chion ! "In a du pain d'sus", les apôtes ! (on a du pain sur la planche).
J' m'en vas enfiler l' "cle'tche" (déguisement).
Faut qu'tu soyïes déguisé pour être accepté par les "masques"(carnavaleux déguisés... sans masque !)

Suire-mi. T' vas admirer eul'spe'tacle !
J' va n'enfiler des bas résille. Noirs. Ch'est Tradi'chion. Eul' plus mieux bin du chic: s'coller des faux mollets bin pouèlus, "cha ch'est qu'écose "!
Eh ! Quoque ch'est qu'te berdoules, files- me don' la mini cottron fluo jon' ! (jupe jaune). Et pis eul caraco marin à zébrures bleuss, blanq, ruge.
Ch'u ti pas biau ?

- Belotte -belotte - bellote ! applaudissent les parigots qui se chtimisent rapido !
 - Merkiiii ! "Ach'teur" (maintenant) eul'peinturlure : faut qu'j'soyes méconable : tu m'traces quatre triangues bin drêts , t'lès remplis de bleuss, pis du blanqu', touj' bin bin drêts., hein ! Si dans eul' défilé in t' fait "un'n baiss à bouquette "(baiser sur la bouche), li colle pas èn barnife (gifle) malheureux ! Ch'est rien qu'à respecter tin maquillach' ! Ch'est Tradi'chion !
D'ssus lès caveux, perruque oranch'.

Des mitaines bieusses et pis un paletot (manteau) en fourrure panthère - chicoss - ça caille dins eul ch'nord ! 
Des souïers, bouts costauds, in s'écrase les panards à c'te carnaval !
- J' chte ker ! (j't'aime) explose la parigote grogelle qu' berloque !
- Merkiiii ! Bin, me v'là "masque "! Chus tout bin bénache" (heureux) ! M'en va r'trouver la bande et "faire chapelle". À partir de maint'nint, in s'dit plus "bonjour pertous", in dit "qu'est c'ça dit, matante ?" Ch'est Tradi'chion !
Et pis j'm'en va choper un de ch'tes harengs, lancés par not' maire et sin conseil m'nicipal du balcon d' not' mairie, ça va être in d' ces charivari ! Ch'est Tradi'chion !

V'là eul' l' temps d'émo'chion dins ch'te Carnaval... Quind t'as des mille carnavaleux que quintent la Cantate à not' Jean Bart... Tous serrés en rond aux pieds de sa statue que nous zieut' de haut, in s'met g'nou à terre, in s'tint par la main et in dôte sin chapeau. Ch'est beau ! Ch'est Tradi'chion ! Cha t'met les "pouails" des bras au garde à vous !
V'là ! Ch'est la fin (officielle) d'la journée, on s'défoule au "chahut du rigodon final." Ch'est Tradi'chion !
Faut voir et entendre comment not' vénéré tambour major, en t'nue de grognard napoléonien, s' démène pour que ça soyït un bouquet final bin plus biau qu' vot' Tour Eiffel  !
Et pis on "arkéminche"... pendant trois mois !
In t'attend !

 

Publié dans Défis

Partager cet article
Repost0

jeudi poésie (défi 276 )proposé par Les Cabardouche pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

La bouteille à la mer inversée.
Déclarez votre désir de vivre sur une île déserte en déclamant un poème à un naufragé inconnu. 

ö toi, Robinson qui crut Zoé
Qui s'en fut soudain commencer sa vie
Sur une île lointaine bercée d'alizés
Je t'écris cette bouteille en forme d'élégie

Ici le monde moderne toussote il va mal
Les saisons s’emmêlent on voudrait rêver de neige
Les nouvelles ne sont pas gaies et barbouillent le moral
La retraite la Russie les grognards font cortège

ö toi Robinson qui crut Zoé
Je voudrais envier ta vie de naufragé volontaire
Sur ton île secrète vouée à Parsiphaé
Tu y traces ton chemin en humble locataire

Pourtant Robinson qui crut Zoé
A faire les cent pas à métrer ton île
Ne sens-tu pas une lassitude de buissonnier
La liberté ultime est histoire de cinéphile

Ne te lasses-tu pas de ces grèves sans nuages ?
Les bruits de la ville ne manquent-ils pas à tes rêveries ?
Je doute fort d'aimer  un tel voyage
Mon bonheur est ici à deux pas près de ma mie.


 

Partager cet article
Repost0