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Défi n°266 proposé par Durgalola pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Durgalola nous demande d'écrire un texte à partir de quelques lignes tirées du livre de Marie Gillet "Aussitôt que la vie."

" Je suis partie de bon matin. J'ai pris ma décision après avoir ouvert les volets et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l'aube ; laisser la place au jour. L'air était pur et calme. Il allait faire très beau. Rien ne s'opposerait à la lumière."

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" Je suis partie de bon matin. J'ai pris ma décision après avoir ouvert les volets et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l'aube ; laisser la place au jour. L'air était pur et calme. Il allait faire très beau. Rien ne s'opposerait à la lumière."
Dans mon sac à dos j'ai glissé quelques noix, une poignée d'amandes, des raisins secs et
une bonne réserve d'eau - importante l'eau.
Hélianthe à demi éveillé s'est un peu contracté en découvrant que des pans de nuit s'accrochaient encore au manteau de l'aube.
J'ai mis le cap sur la montagne Sainte Victoire. Je ne visais pas le sommet, il pouvait attendre.
J'ai traversé des étendues de coquelicots qui ont teinté mes joues du rose de l'aurore.
Les champs de lavande à perte de vue ont embaumé ma randonnée. Hélianthe baissait la tête. Sans doute pensait-il que toutes ces couleurs lui gâchaient le teint.
Nous avons partagé l'eau de ma gourde.
J'ai traversé des champs d'amandiers silencieux. Les cigales somnolaient encore.
De vieux oliviers m'ont jeté un vague regard indifférent. En revanche mon compagnon taciturne a semblé les décontenancer.
Par le Sentier des Vignerons nous avons longé des vignes à perte de vue. Elles nous ont ignorés, trop occupées à peaufiner les arômes de leurs futurs rosés.
J'ai entrepris la montée de Sainte Victoire avec mon acolyte.
J'étais contente de moi. J'avais bien calculé le temps prévu. Nous parviendrions au lac avant le début du chant des cigales.
La roche calcaire griffait mes Pataugas. Un bâton bienvenu permit d'avaler la pente assez rude plus vite que prévu ; et là ce fut un saisissement à chaque fois renouvelé.
Le lac !
Le lac était là.
Devant nous il étendait son immense nappe émeraude belle à en couper le souffle.
J'ai respiré profondément. Un long temps.
Nous nous sommes désaltérés.
Mon coeur qui avait retrouvé son rythme de croisière s'est à nouveau précipité.
Le soleil !
Le soleil objet de tous mes espoirs est apparu en majesté.
Il était au rendez-vous, astre éblouissant juste au dessus du Pic des Mouches, point culminant de Sainte Victoire.
Je savais que la lumière serait belle.
Pourtant j'ai éprouvé un instant de doute ; et si ça ne fonctionnait pas ?...
En automate j'ai ouvert ma besace ventrale.
Délicatement j'en ai extrait Hélianthe.
Je connaissais parfaitement le cérémonial à respecter.
Comme dans un rêve je l'ai placé au bord de l'abîme, dos tourné au soleil.
Hélianthe, face à moi ne bronchait pas. Avait-il peur ? Je l'ignorais.
J'ai douté; avais-je choisi la solution la plus sage ?
Les cigales se sont mises à jouer des cymbales ; preuve évidente que l'astre lumineux réchauffait enfin la terre.
C'était l'instant décisif.
J'avais le trac.
Les rayons du soleil atteignirent l'eau du lac dans un éblouissement doré.
Je ne pouvais plus revenir en arrière, c'était maintenant ou jamais.
Je fixai Hélianthe avec force.
L'intensité de mon regard le fit frémir, lui donna de l'audace ; lentement... oh tellement lentement... Hélianthe tourna la tête vers la lumière !

De joie mon cœur s'est emballé ! J'ai failli renverser le pot de terre cuite où croît Hélianthe, mon tournesol !
Lui qui n'avait jamais osé regarder le soleil en face venait enfin de guérir !


 

Publié dans Défis

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Défi n°265 proposé par Josette pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Josette nous propose  d’écrire une petite histoire en utilisant les mots suivants :

dans leur sens masculin et féminin : Carpe, Faune, Greffe,

 et aussi d’intégrer : Dauphin et DauphineLézard et Lézarde

Loup et Loupe (et plus si affinité)!

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La pluie a transformé les nids de poules du chemin en mares boueuses.
À petite vitesse la Dauphine bleu layette de Célestin-Victor les affronte et en évite une sur trois.- Aie Aie... Ach ! Les freins à disques vont encore me faire une bronchite... (le point faible de ces sortes de chars !)
Célestin-Victor maintient son attelage de main de violoniste au carpe virtuose.
Le nez collé au pare-brise il s'efforce de prédire l'aiguillage des prochaines flaques maléfiques. Surgiront-elles à droite ou bien vont-elles sourdre à gauche ?
Sa concentration, ses cogitations nébuleuses et les
zigzags imposés lui donnent un air de faune hirsute aux yeux exorbités.
On eût pu le confondre aussi avec un loup cruel, en imaginant que la faune vernaculaire en comptât.

- Nom d'un p'tit bonhomme en sucre... Ce sacré Darius a encore bâclé son travail maugrée-t-il mi-agacé mi-affectueux, cette route fait pourtant partie de son canton de cantonnier ; quel filou... S'est-il endormi dans sa brouette en faisant le lézard au soleil ou alors s'est-il adonné à sa passion : la greffe de végétaux improbables tels que cerisier sauvage et fraise des bois ! Ce Darius est poète sans le savoir. Ça va les enfants ?
- Euh... oui, oncle Célestin-Victor murmurent Joseph-Noël et Noël-Joseph ( jumeaux nés à Pâques il y a douze ans.)
- Euh... Ton "ciel de toit" est ... assommant... oncle Célestin-Victor...
- Euh oui... chaque secousse nous fait sauter au plafond et on a presque mal au coeur... oncle Céles...
Terminée la bronchite des quatre freins à disque !
C'est instantané.

Dauphine pile au milieu d'une flaque. Son bleu naïf éclaboussé de marronnasse forme un incongru camaïeu avec l'eau croupie.
Célestin-Victor bouillonne...
- DEHORS les Noël ! INTERDICTION ABSOLUE de débagouler sur MON skaï tout neuf, nom de nom !
Le courroux lézarde sa voix.
Il lui faut se calmer. Être dauphin du président du tribunal et intervenir au greffe en son nom,  exige une élocution et un ton de voix plus que parfaits.
Célestin-Victor, navré, examine à la loupe la carrosserie de son bijou automobile.
Il regrette de ne point avoir ses pinces à vélo, il est en train de gâter ses chaussettes blanches... Pourvu que ses bretelles ne lui fassent pas faux bond, sinon son pantalon golf sera ruiné lui aussi.
- Où êtes-vous passés les Joseph ?

- Chutttt ! crient les Noël.
Célestin les trouve à plat ventre au bord de l'étang. Ils sont fascinés par les bouches béantes et roses de poissons à barbillons. Elles effleurent l'eau vaseuse en attente de pitance tombée du ciel.
Célestin-Victor les rejoint silencieusement.
Ensemble, sans bruit, ils se réjouissent des glop-glop de ces goulots avaleurs d'insectes.
Ils les épient avec intérêt et font des paris silencieux : lequel d'entre eux gobera le plus d'insectes.
La leçon de sciences au naturel se termine lorsque les poissons repus se laissent glisser dans la vase fraîche, où ils dormiront jusqu'à la prochaine fringale.
- Glop glop ! Le spectacle est terminé les garçons soupire Célestin-Victor.
De concert ils prolongent cet agréable moment, allongés sur le dos, au ras des joncs.
- D'après vous, qui sont ces poissons qui glopent ? questionne Célestin-Victor.
- Je crois qu'on sait, répondent les neveux, on a vu des carpes !
- Gagné ! approuve oncle Célestin, comment avez-vous deviné ?
Les jumeaux s'épanchent.

- Hier on t'a dit que le prof de sport nous avait traités de haut.
- On pensait qu'il nous prenait pour des guignols...
- Il a dit : eh les jumeaux, réveillez-vous !
- Il râlait : le ballon est passé entre vos pieds !

- Il ronchonnait : vous l'avez laissé filer, c'est l'adversaire qui l'a récupéré...
- Il a terminé par : bougez-vous au lieu de bailler comme des carpes.
- On n'avait jamais vu de carpes...
- On ignorait que ces poissons inconnus baillassent
.
- Eh eh... En te regardant de plus près No-Jo, tu as bien un profil de carpe.
- Je vais t'arracher les barbillons Jo-No !

Ils se torgniolent, se défoulent, se tirent les tifs, mettent de joyeuses bourrades à oncle Célestin-Victor, lui disent merci tonton Célestoche pour les glob-glob !


 

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