Défi n°174 (Jules, Jeanne et sa cane), proposé par "Le Coin de Lilou" pour les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

" Mettre en scène:

- trois personnages: Jules, Jeanne et sa cane, un personnage de petite taille qui semble assez agité,

- un lieu: une mare près de l'église,

- un objet: une pendule. "

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Jules est un vieillard chenu. Il ne fait plus confiance à ses vieilles cannes et ne sort jamais sans sa canne.

Jeanne a une cane qui n'a pas de canichons, à quoi bon... la canette redouterait trop qu'ils finissent en pâté de canard, elle en canerait net.

Jules vit à Cannes. Jeanne et sa cane, à Cannes vivent aussi.

À Cannes il y a une église.

Près de l'église stagne une mare.

Sur un banc face à la mare aux canards Jules se pose, dépose sa canne, se déchausse - c'est le tic de ce type - chausse ses lunettes et déploie son canard.

Vite! la nécro, son nom n'y paraît pas, le voilà rassuré, puis la météo : demain, froid de canard (par anticipation il se rechausse) et enfin les cancans " Cacophonie au sein de la fanfare de Cannes : le Premier violon, traité de compassé (sic) par le tuba, lui rétorque qu'il n'est qu'un hélicon (sic), arrivé par piston, seulement bon à faire des canards [...]. À suivre."

Dans un entrefilet on annonce par décret " La mare aux canards près de l'église de Cannes est depuis peu ouverte gratuitement, non seulement aux canards, mais aussi aux canes, afin d'éviter dans Cannes les chicanes."

Jules en avise Jeanne.

Jeanne en réfère à sa cane.

La cane de Jeanne instruite, à son cou prend ses palmes (en or ? pas encore), précède Jeanne, se dandine jusqu'au tapis rouge de nénuphars, se glisse voluptueusement dans la mare aux canes et canards. 

Jeanne s'installe sur une chaise cannée auprès de Jules, son canard et sa canne.

Jeanne bée, prend des clichés, cinématographie sa cane à Cannes.

Cane pose, prend des poses, flotte, vogue, baigne, sereine.

Soudain coup de tonnerre ! explosion du tableau débonnaire.

Plaf !  Un personnage de petite taille, très agité, l'air foutraque, surgit d'une touffe de folle avoine, s'affale sur le large dos de cane. Elle s'affole. Violemment se débat, veut à toute force éjecter ce vulgaire qui agrippe et déshonore ses plumes scapulaires.

Le farfadet vocifère, ses pieds palmés convulsent, boxent le vide.

Cane de Barbarie crie à la barbarie, fait des sauts de cabri, tente de déboulonner l'ennemi.

Cane furibonde coin coin coin fait du foin.

Quel potin ! quel tintouin !

- Cachez-moi, sauvez-moi ! J'en ai marre, je veux m'engloutir dans l'abîme de la mare aux canards, couine le korrigan tremblant.

- Plonge, vas-y ! Vas-tu me lâcher ! cancane cane.

- Je ne sais pas nager ! aidez - moi à échapper à la très riche princesse Disse Grasse Yeuse qui doit m'épouser avant midi, piaille le nabot.

- T'es fada, toi ! Tu fais un esclandre parce qu'une princesse richissime veut t'épouser ?

- Elle est très moche, un vrai boudin ! boude le lutin.

- Un prince doit faire preuve de dignité, explique - toi crapoussin ! glapit la canette.

- Eh bien oui, CRAPOUSSIN JE SUIS et JE NE VEUX PAS ÊTRE  PRINCE, flûte le fluet, je suis un bon gros CRAPAUD, rond comme un tonneau ! Ce matin, alors que j'étalais avec extase mes verrues dans la vase, la Fée Rosse, marraine de Disse Grasse sort de la boulangerie sa baguette sous le bras. Elle semblait "en calvaire", grommelait... bécasse... riche... m'en débarrasser... la marier... au premier paltoquet... avant midi tabernacle... vite un prince... Et flac ! elle glisse et s'étale au ras de la mare, sa baguette (du pain complet bien compact) m'assomme à demi et... me voici. Je suis devenu ce qu'elle venait de prononcer.

- Eh bé ! à un mot près je recevais un tabernacle sur le râble, constate cane radoucie.

- Pitié, j'implore la protection de vos rémiges hospitalières jusqu'à midi passé. Je  ne veux pas être riche. Je veux redevenir crapaud, pataud, retrouver ma peau épaisse et mes yeux globuleux.

- Allez, viens giter dans mon giron, concède cane chaperon, flattée.

Peu après,

- Dong ding dong ... la grosse pendule du clocher de l'église de Cannes avertit qu'il est midi un quart au bord de la mare aux canards.

Aussitôt, pffit ! en place du prince gringalet, sourit un crapaud épaté, pacifique et lourdaud.

Cane, émue, nage précautionneusement jusqu'à la berge, y dépose son aimable fardeau.

- Cô ! désolé de vous avoir légèrement ébouriffée...

- Coin ! ... ça n'est rien, ça n'est rien... minaude cane l'œil en coin...

Jules, resté coi jusque là, en catimini s'informe,

- Hep ! Pssit ! elle est si riche que ça la princesse ? Refile-moi donc son adresse, crapaud.

- Quoi ! s'indigne Jeanne qui l'estampille d'un petit coup de canne sur le bas du dos.

- Quoi, quoi ? Cô ! Cô ? se demande Julot.

Dans la mare aux canards derrière l'église de Cannes il y a maintenant deux crapauds, l'un d'eux ne se sépare jamais de sa canne.

Chaque jour Jeanne et sa cane lui apportent le canard du jour, il chausse ses lunettes et leur lit les nouvelles que tous trois préfèrent, celles des canards boiteux.

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O
Un régal ce conte que j'ai d'abord lu à une tante nonagénaire et que je lirai ensuite à mes petits enfants, mes ptiets crapiauds voûlants. Marie, vous qui m'épatâtes hier, vous m'épatez aujourd'hui et, j'en suis certain, vous m'épaterez demain, et patati et patata. Que le Grand Manie Tout vous protège jusqu'à la fin d'étang, vous et ceux qui vous sont chair.
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M
Ah bin ! I fait bin piaiji d'vos vouair pou ique Sieu Olivier a pe atou d' n'aipprendre qu' mès cânâds rempièchant le ptiot Poucet pou endremi vos ptiets crapiauds ! <br /> È voulant danc chu vos ? Chu nos, i' est dès ratas- voluges (dès chauves-souris c' ment diant lès instruisous) <br /> Venez cancaner chez les Cabardouche tant qu'il vous plaira, ils n'en auront jamais mar(r)e, coâ !
P
quel talent, on dirait presque du Devos.<br /> Signé : Coint coint (private joke. sorry)
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M
Ach ! Cher Eyrénée, je reconnais bien là votre sens de l'observation, vous repérâtes vitement l'analogie (euh au fait... ce "presque" serait-il restrictif, mumm ?) Monsieur Devos s'enquérait " L'oie oit, elle oit l'oie ! Ce que nous oyons, l'oie l'oit-elle ? " (sans doute au moment de choisir son foie gras...) Moi j'fais plutôt dans l' cânâd (itou pour une personne qui vous est très proche, ce me semble !) Votre visite fut appréciée, bonne soirée à vous et votre maisonnée cher Eyrénée !
J
ah j'aime beaucoup ce conte moderne et intemporel à la fois coin coin coa coa et belle fin de journée
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Merci Jeanne pour votre amicale visite, conter sans compter est un art que Marie affectionne. Coin coin de nous !
J
Super texte où les jeux de mots pullulent , j'adore .<br /> Bravo aussi pour le dessin qui l'accompagne si bien <br /> Bonne soirée .
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Merci beaucoup Jazzy, les mots sont bien plus joyeux quand on joue avec eux ! bonne soirée à vous.
D
c'est de l'histoire !!! mazette, vous avez pas bu une potion magique avant d'écrire ? MErci et bonne soirée
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Heu non... même pas un peu de champagne que pourtant Marie adore voir pétiller en longues chaines de fines bulles. Mais l'inspiration était là et le défi s'est transformé en conte joyeux ! bonne soirée à vous .
M
Le dessin et le texte m'ont faire sourire et rire. Bravo pour les jeux de mots. Belle semaine
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Nous sommes très heureux de vous avoir apporté un petit moment de joyeuse lecture. merci pour votre visite.
L
Un festival canardesque qq peu cauchemardesque qui flanque Julot dans le bouillon..... ça craint au pays des canards boiteux ! <br /> Il parait qu'un crapaud pustuleux file des boutons, mais que dire des pieds déchaussés d'un pépé chenu ??? Finalement, en pépé ou crapaud, on n'aime pas les intrus !<br /> Bien marrée ! <br /> Merci et bisous à vous deux
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En tout cas l'histoire de Marie est très originale, on n'avait jamais rencontré de papy- crapaud dans aucun conte, même les Grimm n'y ont pas songé, ils se sont contenté de grimer les songes . amitié de nous deux.
A
Blague dans le coin, puisque cette histoire se déroule près de l'église de Cannes je peux vous dire chers Marie et Françoise, qu'elle ne m'a pas en Suquet du tout ];-D
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Ce M'sieur Andiamo rivalise d'astuce et fait plein de calembours ! "Françoise" apprécie et Marie s'en amuse ! merci pour votre amicale visite toujours bien appréciée .
J
C'est toujours un régal de jeux de mots qui ôte tous les maux je ne cancanerais pas cette histoire "cannesque" mais je bats des ailes pour applaudir.<br /> (je m'aperçois avoir totalement oublié la pendule de Jules)<br /> je vous souhaite une très douce semaine
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C'est très plaisant de faire jouer les mots ,ce plaisir est décuplé quand il est partagé. Bonne semaine à vous Josette, amitié de nous deux.
J
Bonjour François et Marie, ah vous n'avez pas lésiné sur les jeux de mots, un bonheur, lecture et dessin... ;-) Bon lundi Croqueurs, bises
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Marie en fine lectrice, aime écrire et peaufiner ses mots en distillant un humour joyeux dans ses contes du lundi . bonne semaine madame Bill.